Miroir magique
ou le journal inattendu d’un voyage au long cours
2024.04.22 || Pour beaucoup écrire est une activité solitaire. Pas pour tous, sans doute. Pour moi, oui. Un monde intérieur que l’on porte sous ses oripeaux en permanence, et que l’on ne peut partager qu’en l’écrivant. Et quand le projet s’avère plus conséquent au fur et à mesure (des années), s’étoffe de lui-même, il se révèle parfois trop lourd pour une seule personne. Impossible pourtant à partager tant qu’il ne s’approche pas d’une version au moins à peu près satisfaisante au risque de le saborder soi-même...
Ce matin j’ai fait une très sympathique rencontre, très étonnante aussi dans un contexte qui ne l’est pas moins. Rendez-vous était donné dans une serre où l’on propose d’excellents cafés, à la table habituelle, à distance idéale de la volière pour ne profiter que des conversations mélodieuses. Et comme il arrive parfois avec des inconnus, la conversation (la nôtre) en est vite arrivée à des points essentiels de nos vies sur lesquels on ne s’épanche pas nécessairement au quotidien. Et la question de la « solitude du scribouilleur de fond » et de l’envie de partager le travail en cours. La question de « l’écrire pour quelqu’un » aussi, du mouvement vers l’autre, centrale pour ce projet. Et puis celle du positionnement personnel, intellectuel, émotionnel.
D’un côté, ce mouvement est aussi une déclaration de participation au Grand Récit Commun qui se perpétue depuis que l’humain invente des histoires, le cou cassé au pied de l’intimidante Bibliothèque de Babel (la « -410 » et toutes les autres). De l’autre, la question qui se pose pour moi du bruit environnant déjà tellement envahissant. Ai-je envie d’y participer, d’en rajouter. Ai-je à dire des choses suffisamment intéressantes ? Existe-t-il quelqu’un que ça peut intéresser ? Non : alors pourquoi. Oui : ai-je envie de crier pour les faire entendre. Le brouhaha. L’énergie et les ressources afférentes dans ce monde limité. Ça ressemble parfois à mes yeux à remplir la vacuité avec du vide, face à une pénurie d’espace, tout en dépensant beaucoup d’énergie...
Je ne dis pas que les gens qui le font font beaucoup de bruit pour rien, c’est juste parfois ma perception d’un environnement sursaturé.
D’un côté un mouvement tout à fait puéril « regarde môman ce que j’ai fait », s’extasiant sur son propre caca — en sort-on vraiment un jour ? (du mouvement) — de l’autre à quoi bon faire quoi que ce soit si ce n’est pour le partager avec l’autre... Définition de l’équilibre et du juste milieu.
Et puis où ? comment ? Au risque de me répéter (encore), pour ma part, les gafam...xyz non merci, donc exit Insta, Facebook, YouTube, TikTok et consorts... Tooter sur Mastodon éventuellement, pourquoi pas, quoique je réserverais volontiers l’outil pour un projet plus spécifique, qui se servirait au mieux de la contrainte du format, idem pour PixelFed (le pendant libre d’Insta). Le format vidéo est éminemment intéressant de nos jours, mais pareil, pas pour ici, pas pour maintenant (et évidemment sur PeerTube, avec une astuce à trouver pour le référencement)... les médias dédiés... (Wattpad, Medium, ...) moui... mais non ; les podcasts pourquoi pas, une fois que je me serais habituée à l’exercice de travailler sur sa propre voix... un jour peut-être, et de toute façon pour un autre projet là encore, ou dans une autre temporalité de celui-ci... et puis — épiphanie — pourquoi ne pas aller au plus simple ? un simple journal écrit, médium d’origine, mon outil principal, en utilisant une plateforme déjà existante et dont j’ai les clés (et même tout le trousseau...). Ici se termine donc la première entrée d’un journal épisodique, volonté de partage d’une expérience à la fois unique, intime, tout autant que solidaire avec de nombreuses personnes poursuivant le même type de démarche.
À bientôt (probablement).