Journal | Décembre 2018
- mardi 4, deux films
Mon île Fårö, documentaire de Ingmar Bergman, 1979
Sur une bande de terre au milieu de la Baltique, la vie, telle qu’elle est, filmée à hauteur d’humain par un amoureux de son île. Un trésor documentaire qui vient faire un état des lieux 10 ans après une première version pour la télévision. Beaucoup aimé (malgré certaines scènes sur lesquelles ma part végétarienne a préféré fermer les yeux).
Bergman, une année dans une vie, documentaire de Jane Magnusson, 2018
De ce film je ne retiendrai pas la forme, qui tombe dans les travers de beaucoup de documents (plus ou moins) biographiques et les écueils du passif émotionnel — et personnel — des intervenants et commentateurs avec le sujet (ce qui aurait tendance à personnellement légèrement m’agacer #LEnferCEstLesAutres, #LesAbsentsOntToujoursTort). J’en retiendrai plutôt une mine d’informations, d’images, de ressentis de tous horizons, que j’ai trouvée particulièrement enrichissante dans mon parcours à la découverte de ce créateur complexe, au fil de sa vie, et de cette année particulière (1957, Le Septième Sceau et Les Fraises Sauvages notamment). Intéressant, en complément de son œuvre.
- jeudi 6, théâtre
Saïgon, par la Compagnie Les Hommes Approximatifs
Formidable fresque humaine où les vies entrecroisées ne sont que les jouets de ce que l’on nomme aujourd’hui l’Histoire. Un même décor, un restaurant (on croirait y être), qui nous envoie tantôt en 1956, tantôt en 1996, à Saïgon ou à Paris, grâce à un travail de mise en scène soigné où les « simples » variations lumineuses créent des ambiances bien distinctes. Il arrive cependant que les deux époques se confondent et se superposent, que les fantômes du passé ou du futur apparaissent. Entre théâtre et cinéma vivant. Subtil. Gros coup de cœur.
- mercredi 12, ciné
Fanny et Alexandre, film de Ingmar Bergman, 1982, version cinéma
Analyse comportementale autour de la plus petite unité sociale, la plus simple et la plus complexe, peut-être la plus universelle, la famille, le regard de Bergman se pose une fois encore sur les rôles et les masques (Persona), le couple, la vieillesse, et l’enfance. Une enfance qui ne distingue pas encore la réalité du monde des rêves, pourvu que ça dure. À moins qu’il y ait plusieurs réalités ? Qu’est-ce que la vie, qu’est-ce que l’amour, qu’est-ce que la mort. Chacun des personnages est amené à apporter sa propre vision. Bergman fait partie de ces quelques créateurs qui me posent question lorsqu’il s’agit de poser un nom sur leur travail... chef d’œuvre ? Bien sûr ! Mais alors la bête a de nombreuses têtes (et un corps tout petit) ! Si besoin était de le confirmer, n’est pas « Bergman » par hasard.
- jeudi 13, ciné
Sami, une jeunesse en Laponie, film de Amanda Kernell, 2018
Le long chemin vers l’acceptation et l’amour de soi et de sa propre culture et de la différence quand celles-ci sont l’objet soit d’un dénigrement face à un autre monde attirant et plein de possibles, soit d’un intérêt douteux et morbide plus proche d’une démarche zoologique que d’une profonde et sincère curiosité et ouverture à l’autre. Beaucoup aimé.
- vendredi 14, théâtre
Les règles du jeu, mis en scène par Lorraine de Sagazan, production La Brèche
Deux enfants au pays des guerres, dans les décombres de leur école et qui tentent de reconstruire sur les ruines un monde idéal par la ferme intention de l’imaginaire et de leurs rêves. Que restera-t-il de leurs rêves quand quelques années auront passé, qu’en auront-ils fait ? Un spectacle tous publics qui interroge le pouvoir de l’imagination sur le réel, sujet qui m’intéresse forcément, sans cependant trop l’approfondir, loin de tout angélisme, très bien joué (par deux adultes qui n’ont pas tout perdu de leur enfance) et mis en scène et que je pense plus adapté (et bien !) à un public plus jeune, dès 10-12 ans et adolescent.
- samedi 15, expo
Emmanuel Lepage, au Petit Écho de la Mode à Chatelaudren (22)
L’auteur du Voyage aux îles de la désolation, La lune est blanche, Les voyages d’Ulysse, et ceux d’Anna, Un printemps à Tchernobyl, Muchacho, La terre sans mal, et bien d’autres titres, s’expose à Chatelaudren (22) jusqu’au 26 janvier 2019. Plus de 150 originaux présentés dans un espace très agréable, dont de nombreuses planches de bandes-dessinés et des extraits de carnets de voyages, où ses couleurs, son trait, son regard illuminent le visiteur et l’emmènent tout autour du monde avec ses aquarelles, ses gouaches, ses pastels et ses encres à la rencontre de l’ailleurs et de soi-même... À mon sens un des grands artistes et raconteurs d’histoires d’aujourd’hui. Expo sympa.
- dimanche 16, série & lecture
Dernier épisode de Chance,
Tout comme pour la première saison, je reste sur un avis mitigé, entre des questions de fond très pertinentes, des acteurs qui incarnent leurs personnages avec brio, une psychologie desdits personnages assez poussée, et des ressorts scénaristiques éculés, semble-t-il écrits « à vue » (et par temps de brouillard) pas forcément nécessaires à l’histoire, ou mal amenés, je ne sais plus trop où poser mon avis dans ce large gouffre, même si j’ai bien envie tout de même de me raccrocher au versant le plus positif et m’attacher à la bonne qualité générale de la série sans m’attacher à ses défauts ponctuels (certes, des gros points). À découvrir si vous aimez les personnages en nuances de gris et si les thématiques de l’origine de la violence et de la manipulation vous intéressent, c’est dans ce cadre, de la belle ouvrage, mais il n’y aura pas de troisième saison.
Bifrost n°92 | Spécial Théodore Sturgeon, collectif aux Éditions du Bélial
À nouveau de belles découvertes, notamment celle de Theodore Sturgeon, auteur d’une œuvre sensible et intelligente au travers d’un dossier très intéressant et bien documenté (comme toujours), et ma liste des livres avec lesquels j’aimerais bien passer quelques heures qui s’allonge encore... Je les déteste <3 Testez et abonnez-vous !!!
- vendredi 21, expo
Mitchell | Riopelle. Un couple dans la démesure, au FHEL à Landerneau
Visite dès les premiers jours de l’expo et sans même en connaître l’affiche, la bonne surprise de la découverte de deux œuvres d’artistes que je ne connaissais pas, par une scénographie très étudiée qui à la fois nous raconte l’histoire d’un couple au fil des différentes étapes que tout couple peut être amené à traverser, et nous invite à une réflexion psychologique passionnante sur l’influence de l’autre et de son travail sur la construction de soi et de sa propre œuvre. Jusqu’au 22 avril 2019, si vous pouvez, courez-y !
- samedi 22, ciné
Petits contes sous la neige, programme de courts-métrages de Filip Diviak, Krishna Chandran A. Nair, Eugenia Zhirkova, Han Zhang, Ekaterina Filippova, Svetlana Andrianova, Alexey Alekseev, 2018
Délicatesse et poésie pour tout petits et tout grands aussi, une série de courts films de différents horizons et aux sujets variés, pas toujours faciles, tous d’une grande qualité à tous les niveaux, pour se laisser porter quelques instants au pays des rêves.
- dimanche 23, film et lecture
Le voyage au Groenland, film de Sébastien Betbeder, 2016
Sympa, je préfère cependant, quant à la découverte de la culture et des paysages groenlandais et la rencontre avec l’Autre (des deux points de vue), et de loin, Une année polaire, film de Samuel Collardey sorti au printemps dernier.
L’origine des autres, de Toni Morrison, Christian Bourgois Éditeur, 2018
Transcription de six conférences de Toni Morrison sur la place des Africains-Américains dans la société et leur image dans la culture nord-américaines, ouvrant à une réflexion sur la construction de l’Autre. Édifiant mais suscitant un vif intérêt, une saine lecture à partager.
- vendredi 28 (et jours suivants), lecture
Calvin & Hobbes, de Bill Watterson
S’accorder un moment de pause, à plat ventre sur le matelas d’un refuge dans les combles, une cabane où la pluie bat sur le toit et berce le bonheur de ces retrouvailles... Vous ne connaissez pas encore : jetez-vous dessus. Vous connaissez déjà : alors vous n’avez pas besoin de moi, vous avez déjà filé
Humour, poésie et bien d’autres choses encore... Essentiel.
P.-S.
Toujours la même interrogation... sans doute pas un hasard dans mes choix, forcément, mais je crois que l’offre n’est pas en reste non plus...