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Journal | Avril 2019

 
  • lundi 1er, ciné
Les Éternels
Les Éternels

Les Éternels, film de Jia Zhang-ke, 2019

Assez lent, c’est voulu, c’est le propos. Peut-être un peu trop long tout de même. Assez violent aussi, qu’il s’agisse de violence physique ou psychologique. Très poétique. Métaphorique indéniablement. L’histoire nous raconte l’évolution de deux âmes perdues, bousillées par leur monde, réduites à l’état de cendres, à la fois atroces et sublimes, dans une société chinoise qui change elle aussi, entre érosion et grandes transformations... Dans l’objectif d’une transmutation ? Le titre en anglais est peut-être plus parlant pour éclairer la symbolique (je n’ai pas trouvé de traduction du titre original) : Ash is purest white (les cendres sont du blanc le plus pur). C’est vrai qu’elle est aussi éternelle.
Le film est beau. Et je sais que des tas de choses m’ont échappé. Ça mériterait de le voir à nouveau. Cependant ses longueurs m’en découragent pour le moment.

 

 
  • lundi 8, ciné
Le mystère Henri Pick
Le mystère Henri Pick

Le mystère Henri Pick, film de Rémi Bezançon, 2019

Le résumé m’avait titillé. Plus de l’humour et un Fabrice Luchini en forme, sans compter le beauté des paysages (en toute impartialité), pourquoi pas ?! Bon, le scénar n’était pas d’Agatha Christie. Mais les personnages sont sympa et bien servis par les acteurs, les paysages sont superbes (en toute impartialité) même si c’est toujours amusant de retrouver des lieux connus dans un film tant leur géographie peut différer. Sans parler du passage de la lettre de classe de neige par Duras, qui mériterait de goûter son écriture juste pour profiter de la scène (au moins un bon prétexte pour qui n’a jamais eu l’envie ou l’occasion de s’y mettre), d’une rare drôlerie. Mis à part cela, pas grand chose à signaler. On sort heureusement rapidement des plus gros clichés sur Paris et le monde de l’édition et sur la Bretagne, sa météo, ses vélos et ses épaves de bateaux (j’ai bien dit des plus gros).

 

 
  • mardi 9, ciné
Ma vie avec John F. Donovan
Ma vie avec John F. Donovan

Ma vie avec John F. Donovan, film de Xavier Dolan, 2019

Épatoufflée par Mommy, beaucoup moins emballée par Juste la fin de monde, je ne savais pas du coup à quoi m’attendre tant Xavier Dolan peut dérouter. Ma vie avec John F. Donovan peut sembler long à démarrer, mais c’est là toute l’adresse du réalisateur : faire suivre à notre opinion sur l’histoire le même chemin que la journaliste lors de son entrevue. Et l’enjeu est de taille dans la mesure où il est central vis-à-vis des thématiques abordées et qui ne sont pas des moindres. Quête d’identité, vie intérieure, vie publique, image de soi par soi, image perçue par l’autre, projections, stéréotypes et jugements pré-digérés, poids du regard extérieur, influences, dépendances (affectives autant que chimiques)... Apprendre à connaître, à comprendre pour que le regard change, c’est toujours pareil. Là c’est montré assez finement, avec intelligence. Et parfois de manière un peu grossière aussi, c’est vrai. Bien aimé.

 

 
  • dimanche 14, petit-déj’ animé
Les contes de Terremer
Les contes de Terremer

Les contes de Terremer, film de Goro Miyazaki, 2006

J’entends souvent le travail de Goro Miyazaki décrié par un euphémique « pas exceptionnel ». Je n’ai pas encore vu La colline aux coquelicots, mais à en juger par ce film-ci, je ne vois pas trop ce qu’on lui reproche (sinon de n’avoir pas 78 ans d’expérience de vie, 55 ans dans l’animation ou d’oser passer après le Dieu Hayao ?). Apparemment, l’histoire n’a qu’un lointain cousinage avec l’œuvre dont elle semble vouloir s’inspirer. Ben moi ça m’a pas empêché de passer un très bon moment. Une nouveauté (pour moi) Ghibli, j’ai du mal à cracher dessus. Les moments de grâce, j’ai du mal à cracher dessus. Pas inoubliable d’accord, mais très agréable. Et en plus ça me donne envie de découvrir Les contes de Terremer d’Ursula Le Guin (bon, ok, son nom traîne dans mes oreilles et ma pile de lectures depuis un certain temps déjà).

 

 
  • mercredi 17, ciné
Mulholland Drive
Mulholland Drive

Mulholland Drive, film de David Lynch, 2001

Je sais plus... Je vous ai déjà dit que j’étais assez fan de David Lynch ? Un cycle répertoire Los Angeles au ciné, j’aurais pas loupé ça !!!

Attention SPOILER ALERT

Dans les toutes premières images du film on voit des couples danser lascivement sur un fond psychédélique mauve puis les feux arrière d’une limousine noire dans la nuit rappelant les lanternes rouges des bordels. C’est certain ! Les thématiques cachées de ce film sont la drogue et la prostitution !!!

[Troll=on] Tiens, un jour faudrait que je fasse un inventaire complet des analyses de 2001 qu’on peut trouver sur le net histoire de... ; ) [Troll=off]

 

Le Hobbit
Le Hobbit

Le Hobbit, roman de J.R.R. Tolkien, Éditions Christian Bourgois, 1937 (2013 pour la présente édition, nouvelle traduction de Daniel Lauzon)

J’ai eu une intégrale du Seigneur des Anneaux, une édition France Loisirs je crois bien, pour dire que ça date !, dont je n’ai jamais réussi à dépasser quelques pages... Ne pouvant en tirer bénéfice pour moi-même je l’ai donnée. Puis un jour ô merveille, on annonce une nouvelle traduction !! Le premier tome une année, puis le deuxième un an après, puis le troisième... l’année d’après (c’était pour voir si vous suiviez). Et la Lucie qui attend patiemment une belle édition reliée intégrale. Chouette chouette chouette !!! Depuis... trois ans. Je ne désespère pas hein, peut-être qu’un jour ? Ce qui est bien avec les Éditions Christian Bourgois, c’est qu’ils prennent leur temps, pour nous offrir de beaux livres (ce qui ne les empêche pas de publier à bon rythme). Alors j’attends encore, puis quand je ne pourrai plus je m’orienterai vers les volumes séparés...

Un Noël (2013 ?) m’avait tout de même permis de profiter d’une belle édition du Hobbit à mettre dans mon escarcelle. Elle me faisait de l’œil, là, sur son étagère. J’ai cédé. Revoir les films sans doute... Ça m’a particulièrement plu de me balader enfin dans cet univers, pas encore aussi sombre que dans Le Seigneur des Anneaux, d’abord avec des yeux candides. C’était vraiment chouette. (Et pour des parents, une superbe idée de lecture à partager en famille au pied du lit avant une bonne nuit.)

Petit plaisir de bibliophile : les illustrations de Tolkien himself et la carte de Thrór dépliable avec les runes lunaires lisibles par transparence, ça ne gâche rien. = )

Puis pour continuer à patienter il me reste encore Le Silmarillion, La chute de Gondolin (réed. 2019), Beren et Lùthien (réed 2017), Contes et légendes inachevés, Histoire de la terre du milieu (en cinq volumes), Beowulf commenté (2015)...

 

 
  • vendredi 19, on est toujours récompensé de sa patience
Les Furtifs - lancement
Les Furtifs - lancement

Les Furtifs, roman d’Alain Damasio, La Volte, 2019

Un tour à la librairie s’impose !

On en recause un peu plus tard (dans 986g exactement)...

... par ici !

 

 
  • lundi 22, retour aux sources
Le retour à la terre T.6
Le retour à la terre T.6

Le retour à la terre 6. Les métamorphoses, BD de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri, 2019

J’vous ai déjà dit que j’aimais bien Larcenet ? (comment ça j’ai déjà fait le coup !?)
Je savais sincèrement pas trop à quoi m’attendre, mais le retour à la terre je n’y résiste pas. 10 ans... Il y a eu Peu de gens savent et Nombreux sont ceux qui ignorent, Valérian vu par..., Microcosme, Le journal d’un corps avec Daniel Pennac... Il y a eu Blast et Le rapport de Brodeck. Puis pour Ferri il y a eu Astérix.
10 ans. La petite famille Larssinet grandit. Les feuilles tombent en hiver et réapparaissent au printemps. L’humus travaille et nourrit. Pour une bonne terre. Une terre fraîche et qui sent bon, lourde et fertile dans laquelle on a envie de jouer et de faire pousser de belles et bonnes choses. C’est ce qu’ils ont fait. Avec plein d’humour et de drôlerie, sans oublier toute l’amitié et l’affection que l’on ressent au fil des pages.
L’histoire ? Vous allez être surpris : des changements se profilent et... Manu panique. ; )
À ne pas louper !
Et pour ceux qui n’avaient pas encore commencé la série réjouissez-vous ! Vous en aurez six à lire !!!

 

 
  • mardi 23, ciné double
Arabat
Arabat

Arabat, films de Caroline Cranskens et Élodie Claeys, 2019

Arabat, c’est rien que deux documentaires, ou un doc en deux parties, en miroir, qui se reflètent et échangent ensemble : Prises de terre, sur les Monts d’Arrée d’aujourd’hui, les personnes qui y vivent aujourd’hui et leur façon d’envisager demain ; Au-delà de nous, dans la France de fin 2018 et début 2019, dans les Monts d’Arrée, à Brest, à Nantes, à Notre-Dame-des-Landes, à Lille, en Ariège, sur la route et sur les rond-points, dans les manifs, partout...
Alors c’est un peu long, c’est vrai, mais quelles rencontres dans ces deux fois deux heures ! Les réalisatrices ont le formidable talent, rare, d’entrer dans l’intime sans voyeurisme. On va à l’essentiel. Droit au cœur. Direct. On se croirait à la fin d’une soirée bien arrosée quand sur les coups de 3’ du mat’ on refait le monde et on balaye sa vie, ses échecs, ses réussites, ses vérités et ses rêves... Sauf qu’elles elles y arrivent en 5 minutes, et sans les vapeurs d’alcool. À la lumière de la lucidité confidente qui nous aide à rencontrer ces « gens de toutes sortes » que nous côtoyons chaque jour, y compris nous-mêmes. Si vous avez l’occas’ (en dehors du circuit ciné, les films sont dispo sur le dvd qui accompagne le projet littéraire, dans un beau livre aux Éditions Isabelle Sauvage. =)

 

 
  • jeudi 25, ciné
Boy erased
Boy erased

Boy erased, film de Joel Edgerton, 2019

Fin des années 90, début 2000 grand max... Arkansas (i.-e. pas l’état des USA le plus progressiste). Un jeune homme qui se demande s’il est comme tout le monde (en l’occurrence ici, gay), une société bien lourde et bien grasse qui brandit le-dieu-que-tu-aimes-et-qui-t’aimes-mais-qui-va-te-faire-payer-tes-péchés-parce-que-tu-sors-du-carcan et on-t’aime-donc-on-va-te-faire-souffrir-pour-que-tu-sois-heureux-et-bien-comme-il-faut. Tristement rien de nouveau au pays des gourous et des grosses bagnoles. Comme ailleurs.
Oui ça a existé. Oui ça existe certainement encore. Éventuellement sous d’autres formes. Moins choquantes, plus admissibles aujourd’hui.
Quand comprendra-t-on à la plus grande échelle que la richesse d’un groupe se mesure à la variété de ses individualités ? À la variété des façons d’être, des parcours, des expériences et des choix de chacun au fil de sa vie ?

Un film que ses producteurs ont jugé cependant nécessaire. Un film qui ne sera probablement vu que par un public ouvert à « la différence », quelle qu’elle soit, ouvert à l’autre. Mais un film que ceux qui ne font pas partie de ce public ne verront sans doute pas...
Un film qui donne furieusement envie d’être soi-même malgré la pression sociale, malgré sa violence insensée et inouïe, épanoui et heureux [1].
Si au moins ça, ça peut faire bouger, petit à petit...

 

 
  • dimanche 28, ciné
Les Arbres Remarquables
Les Arbres Remarquables

Les Arbres Remarquables, un patrimoine à protéger, film de Georges Feterman, Jean-Pierre Duval et Caroline Breton, 2019

Que dire... Ce film m’a paru à la fois décevant et essentiel, tant la forme dessert le fond. Et je ne parlerai pas du drone que l’équipe de tournage s’est offert sans doute juste avant et dont elle a voulu nous faire généreusement profiter des images.
Pendant une heure trente, la succession de présentations d’arbres remarquables de France, de la Corse à la Martinique en passant par le Calvados, le Morvan ou la Bretagne, accompagnées par des intervenants membres ou correspondants de l’association A.R.B.R.E.S la plupart du temps, qui veulent nous faire prendre conscience de la nécessité d’inscrire légalement la protection des arbres remarquables au moment où un tel projet de loi est pour l’instant à l’étude. Message répété par chaque orateur, à chaque scène, à chaque entrée du catalogue, c’est-à-dire environ une fois toutes les trois minutes. ENFONCEZ-VOUS-BIEN-ÇA-DANS-LE-CRÂNE. En d’autres temps on aurait appelé ça de la propagande.
Alors peut-être que ce sont là les seules méthodes qu’il reste à employer auprès des personnes qui nient ce qui (me) semble évident.
Un peu plus de subtilité aurait-elle nui ? La sensibilisation par la connaissance, la compréhension plus que par le clou enfoncé longuement ?
Peut-être suis-je personnellement trop sensible à la thématique pour juger. De la même façon que je trouve étrange, dans les procédures de sauvegarde, la façon d’inclure le maintien de sujets à coups de plaques métalliques pour — c’est l’impression que ça me donne — nourrir l’orgueil ou la mégalomanie d’un ou deux individus ou d’une commune (ou en remplir les caisses par l’exploitation touristique dudit sujet) quand on commence enfin à donner le droit à certains humains de ne pas subir un acharnement thérapeutique inutile et douloureux.
L’énergie initiatrice de ce projet de film est totalement louable. Le propos de fond est essentiel. Vital.
Le chemin vers le respect du vivant est encore long, qu’il soit remarquable, qu’il pousse au fond du jardin ou sur un talus. Ou qu’il vive à l’intérieur de la maison, dans une étable, sous les racines d’un châtaigner ou les ponts des villes du monde entier.

 

[1Oui, je pourrais utiliser l’écriture inclusive, j’en comprends l’utilité même si je ne suis pas fermement convaincue, j’ai essayé, mais je trouve ça franchement dégueulasse. Je développerai dans un prochain article.

Première mise en ligne 13 avril 2019, dernière modification le 27 mars 2021

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